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Lacère

6 mai 2004

Traque.

Les liaisons virevoltent, une virée désinvolte au secours de sa fumeuse journée. Son coeur bat, et taille dans le boucan un rythme qui se veut régulier. Glacés, un verre, puis deux, des verres glacés qui agitent ses terminaisons nerveuses échauffées. Il se complairait volontier, filant dans ce vide éphémère mais bien réel. Il palpe chacune de ses pensées, comme on palpe ses plaies les yeux fermés, les palpe pour les agripper, persévère dans cette vaine entreprise jusqu'à trop peiner et s'épuiser. La folie des corps, et surtout celle de ses boissons éthyliques lui procurent une virilité méconnue. Il se voudrait en phase avec son personnage, jouer son propre rôle, mais ses bassesses le rattrapent si vite que sa pulsatile testostérone coule dans ses veines comme la sueur sous un masque. Rendu crédule, il s'affaire de fesses en fesses, infoutu de tenir en laisse ses mains suintantes. Il tourne, fixe occasionnellement, puis retourne, tentant puérilement de faire sauter les clivages comportementaux qui persistent à faire de lui un homme quasi-censé. Ce sens, cette raison, cette conscience morale et sociale lui pèsent, triple alliance inhibitrice de ses pulsions martiales. Il s'assure de sa parfaite uniformité, pourtant visiblement défaillante: ses pas sonnent faux, ses gestes sont saccadés et réfléchis, et sa voix reste tributaire des balbutiements neuroniques qu'il qualifierait de "réflexions instantanées", qu'ils qualifieraient eux de "tension psychotique". Il n'a rien à dire mais s'efforce et prolonge ses capitales méditations par des mots malhabiles, s'habille d'une robe qui n'est pas la sienne, qui ne lui va pas, en fait craquer les manches, puis le col. Apogée du décalage qu'il incarne avec brio, tristesse d'un clown débutant, acteur de coulisses, en quête de légitimité.
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27 avril 2004

Frasques.

Ces bruits métalliques qui ne lui sont plus atypiques, ces mains froides sur son corps insensible. Elle ne veut plus les sentir, persuadée que certaines s'égarent sur des parcelles de chair qui jadis lui étaient intimes. Sans gêne, elle les laisse forcer ses nerfs infidèles, non plus affairés à irriguer ses flancs érogènes. Les yeux mi-ouverts, trop aqueux, ils sont nombreux, mais bannis par ses sens débridés. Ses lèvres bleuies tremblotent, se démènent pour souffler de ses nébuleuses pensées, signaux violents, entrechocs de souvenirs maculés de vie, souvenirs d'un brouillon de vie. Les pensées s'emmêlent, eux s'en mêlent, les mouvements bruyants brouillent les semblants de lucide, humectent ses membres malmenés, guidant ses raisonnements falsifiés au néant. Ils s'affolent de plus belle, des sangles cuirées emprisonnent son bras, le plaque au métal froid. Les années filent, une, deux, réalité frappante, troisième. Trois, trop, traînant ses bourreaux jusqu'à son lit, elle minimise ces retours au réel, fuyant le clair de la chambre vers son noir secret, abandonnant son autre bras aux liens de la raison. Son corps s'échauffe, s'étouffe, ses poings liés aux barreaux hostiles cognent et confrontent sa démence enfantile aux portes du conscient. Ses bras y pénètrent et s'immoblisent, cédant leur spasmes à ses jambes cagneuses. Elle prévoit alors chacun de leur gestes: cheville, cheville, le cuir rapé crisse sur ses os, ses fesses rampent sur le matelat glissant. des mains gantées saisissent ses hanches, la bloque, ses ongles s'agrippent, se brisent. Injection, injection, les portes s'entreouvrent, elle résiste, puis s'ouvre, elle entre. Le son ralentit, les néons faiblissent, ses muscles se relâchent, ils s'écartent, visant ses yeux injectés. Elle resort, vacille, désordre des sens, ses mains moites ne répondent plus.

17 avril 2004

Sur soi.

Paysage qui passe, années qui passent, passons.
Admettons, encore que, que nous soyons possibles et plausibles.
Admettons, encore que, que vous soyez conquis.

Deux admis pour un peut-être, autant rompre l'équilibre et partir à trois , bien que foutu, c'est toujours plus. Quant à celui qui se justifie de lui, ou de son sien, réponse: pour toi seulement. Merci de ce nom, merci de ces mots, mais pour toi seulement. Use les, d'un vice désabusé, joue, intègre. Tires-en tort et tout, laisse leur les leurs, leur Bon à eux, et nous regarderons. Donne-toi, soit ta représentation propre, dis transparence, nous transpercerons. Indolore, c'est promis, c'était pour te justifier, seulement. Décadence des temps, désaccord du toi face au plusieurs, inuniformité et désunion. Fabule capricieux enfant détrôné car devenu grand. Discordance définie pour toi, tombée sur toi, pas qu'en ce jour, mais chaque jour. Implosion cérébrale, explosion vicérale, et trois, toi pour l'équilibre.
17 avril 2004

Période.

Recommencer, tout recommencer et alors s'en lasser, et choisir le pire, juste pour finir. Choisir le pire et tenter de s'en satisfaire mais juste s'en convaincre, ne pas connaître. Du regret, le regret savourer, ça vous réussit le regret, vous en reprendrez? Quitte à regretter, tant à savourer, tant qu'à savourer, autant s'amuser. Alors reprenez, et descendez. Plus, égratignez vous pour grimper, remontez puis respirez. Libre à soit d'obtempérer, mais sans recracher. Jamais recracher, tout encaisser et se fatiguer. Revenir pour pleurer, c'est pliant, d'un pliant pathétique, pliant émouvant. Nous disions: respirer. Sans s'échapper: toujours tenir tête, tension du bien-être fébrile et fuyant. Admirez alors le chemin parcouru, pire que sinueux et reposez-vous sur vos sinistres, trouvez des excuses, le plaidoyer étoffé. Gémir, on t'écoutera par terre. Tu lui demanderas, t'apitoieras pour de bon, réjouis toi du Mal, il te manquera. On prendra peur de ce manque, inconcevable, distordu trop impensable. S'étonner alors de revouloir, redescendre un peu plus haut, rendre cyclique, toujours recommencer et préférer le premier à la pérennité, se préférer au dernier.
4 avril 2004

Sus-humain.

Laissé infirme. Le genre de douleur qui part résonner, cinglante, hurlante. Le genre de douleur qui ne laisse pas le temps de saigner, laissé vide, évidé. La boule de plomb qui se démène au fond, sa lame acérée incisive décidée décisive, lui qui n'en peut plus de subir, au jour mort-né qu'elle mordit la puante. Rien de psychique, tout si tellement physique qu'il en devient pourtant psychique. Psychiques, les chimères hermétiques, écrasées, s'écraser, s'oppresser, s'empresser à jamais de conclure, de finir, de nuire, puis renier, à jurer, a juré. Elle se lassera, c'est sûr, et c'est long, l'attente, latence, attente latente, latence pour cadence, en cadence pour caprices, décadente exigence. A en foutre la nausée.

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22 mars 2004

Tombe

Née inapte, inefficace, inutile, inée. Avec tant d'eux et tant d'elle, c'est comme étouffée et repoussée. Repoussée comme révulsée, il y aurait comme un malaise avec eux. Il s'avère effrayant et répugnant, car hypocrite cette relation mais indispensable. Ca blesse et ça blesse fort, comme trop fort, comme pas possible. C'est du vide, c'est du rien, c'est de la merde, c'est du faux, c'est du rien, c'est injuste ces captieuses liaisons. Je les vois ces        , les mêmes, les envie, les brutalise même. Les           , moins. Les deux tout autant.
17 mars 2004

On passe et elle nous voit passer.

Il y avait cette femme qui essayait de lire par dessus mon épaule, à s'en retourner l'oeil droit.
J'avais beau, elle ne comprenait pas que je n'voulais pas partager. Rien partager. Elle était froide, me paraissait moche et renfrognée. Je la mettais de mauvais humeur, à croire. A savoir si je partage, ce n'est pas savoir si je te partage. Je la vois, comme si pas le choix. Elle est là, et il faut la voir, car ne pas la voir, c'est comme baisser la tête ou se rendre aveugle. Elle me regardait en coin, fraiche, sentait sûrement bon, me fiche un coup de coude en se levant, m'éperonnant le flanc gauche et sort.
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