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Lacère
6 mai 2004

Traque.

Les liaisons virevoltent, une virée désinvolte au secours de sa fumeuse journée. Son coeur bat, et taille dans le boucan un rythme qui se veut régulier. Glacés, un verre, puis deux, des verres glacés qui agitent ses terminaisons nerveuses échauffées. Il se complairait volontier, filant dans ce vide éphémère mais bien réel. Il palpe chacune de ses pensées, comme on palpe ses plaies les yeux fermés, les palpe pour les agripper, persévère dans cette vaine entreprise jusqu'à trop peiner et s'épuiser. La folie des corps, et surtout celle de ses boissons éthyliques lui procurent une virilité méconnue. Il se voudrait en phase avec son personnage, jouer son propre rôle, mais ses bassesses le rattrapent si vite que sa pulsatile testostérone coule dans ses veines comme la sueur sous un masque. Rendu crédule, il s'affaire de fesses en fesses, infoutu de tenir en laisse ses mains suintantes. Il tourne, fixe occasionnellement, puis retourne, tentant puérilement de faire sauter les clivages comportementaux qui persistent à faire de lui un homme quasi-censé. Ce sens, cette raison, cette conscience morale et sociale lui pèsent, triple alliance inhibitrice de ses pulsions martiales. Il s'assure de sa parfaite uniformité, pourtant visiblement défaillante: ses pas sonnent faux, ses gestes sont saccadés et réfléchis, et sa voix reste tributaire des balbutiements neuroniques qu'il qualifierait de "réflexions instantanées", qu'ils qualifieraient eux de "tension psychotique". Il n'a rien à dire mais s'efforce et prolonge ses capitales méditations par des mots malhabiles, s'habille d'une robe qui n'est pas la sienne, qui ne lui va pas, en fait craquer les manches, puis le col. Apogée du décalage qu'il incarne avec brio, tristesse d'un clown débutant, acteur de coulisses, en quête de légitimité.
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